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Le lecteur n’a pas souvent le privilège de croiser un destin humain d’exception, entièrement voué à une cause, au mépris de toute considération sociale.
C’est à un destin de cette nature que s’attache le présent ouvrage: l’histoire de Rodolphe Archibald Reiss, jeune Allemand venu étudier la chimie à Lausanne. En 1908 il y fonda l’Institut de police scientifique, avant de se rendre en Serbie, dans la tourmente de la Première Guerre mondiale à titre d’observateur et correspondant de plusieurs journaux occidentaux.
Gagné à la cause serbe qu’il juge digne d’être défendue par tous les moyens, R.A. Reiss ira jusqu’à participer aux combats et se fera le porte-parole de la réalité d’un peuple en guerre dans des centaines d’articles et « lettres du front». De nombreux extraits sont reproduits dans cet ouvrage qui démontrent le courage de leur auteur en butte naturellement à la vindicte de tous ceux qui n’acceptent pas sa version des faits.
On trouvera donc ici un éclairage inédit et des plus instructifs sur la Grande Guerre. On en retiendra qu’il ne faut jamais se départir de son sens critique, très vite anesthésié p’ar ceux qui ont intérêt à placer l’histoire dans le sens qui leur convient. On y verra aussi le témoignage exemplaire d’un homme intègre, engagé dans ce conflit sans aucun préjugé passionnel et partisan, et qui dit, au jour le jour, sa vérité sans souci des répercussions qu’elle peut susciter. Un exemple trop rare pour qu’il ne soit pas cité comme une pièce majeure du dossier toujours ouvert de l’Histoire de notre siècle.