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Traduit du serbe par Vladimir André Čejović et Anne Renoue
Ce sont des gens de peu, mendiants, vagabonds, simples d’esprit, devins, mais avec la puissance et la rudesse primitives de sa langue, le grand écrivain serbe Borisav Stankovićfait surgir, derrière leur apparence quotidienne misérable, la présence inaltérable et sacrée de l’âme, comme le sculpteur, à coups de burin, arrache à la pierre l’émergence de l’être vers la lumière. Ce sont des marginaux semblables aux intouchables sacrés d’une société archaïque qui les regarde comme des choisis de Dieu et qui, lorsqu’ils meurent, s’incline devant eux avec respect.
« L’ancien, donnez-moi l’ancien ! Ce qui a le parfum du basilic sec et qui, maintenant, s’effeuille doucement. » C’est un monde disparu que fait revivre Stanković dans ses nouvelles, soumis à des lois implacables qui font taire les passions dévorantes, et les transmue en des sentiments lourds de nostalgie et de regrets. En son sein, les êtres, vierges de la marche inexorable du progrès, conservent l’innocence et la tendresse douloureuses de ceux qui, malgré eux, ne peuvent laisser le corps vivre l’âme et, par là, gardent celle-ci intacte et violente dans son impossibilité de se libérer du joug de la loi humaine, et son effroi du péché. De là naît la profonde et originelle émotion que l’on ressent en lisant ces nouvelles.