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Traduit du serbe par Dejan M. Babic
A travers la vie d’une famille juive séfarade, nous entrons dans un univers magique, Sarajevo de l’entre-deux-guerres, peint avec des couleurs aujourd’hui disparues. Ce roman inoubliable nous entraîne dans une ville complexe, qui se réveille dans un brouillard lourd, transpercé par les rayons du soleil et la voix matinale des clochers d’églises, catholiques et orthodoxes, la voix du muezzin, sous le charme discret de la synagogue, où chacune de ses quatre communautés n’a pourtant d’oreilles que pour les siens.
Les cinq filles Salom grandissent dans cette atmosphère chaleureuse et étouffante, parlant entre elles le ladino, sous l’autorité bienveillante et sage du grand-père, porteur de la mémoire qui les relie à leur passé de juifs chassés d’Espagne, et de la mère, garante de la morale et de la tradition. Enveloppées par la chaleur communautaire, entremêlée des joies et des peines familiales, elles apprennent les règles de la vie tout en bousculant les lois de la société patriarcale, et vivent une existence pleine d’aventures amoureuses et artistiques, voyageant et se fixant parfois dans les capitales européennes, notamment à Vienne. Ces jeunes femmes, belles, débordent d’énergie et rendent à la vie, partout où elles passent, un parfum particulier.
Ana Gord, de son vrai nom Gordana Kuic, fille d’une des cinq héroïnes de ce roman, vit à Belgrade où une partie de sa famille, fuyant l’extermination oustachie, s’est réfugiée pendant la Deuxième guerre mondiale.
Ce roman d’une douceur rare s’inscrit dans la grande tradition romanesque féminine. A l’exemple de George Sand, Colette, Jane Austen ou Margareth Mitchell, Ana Gord livre la chronique de gens simples, de ceux qui subissent l’histoire en lui donnant sa profondeur humaine et sa coloration romanesque. Paru en 1986 en Yougoslavie, ce livre reçut les plus prestigieuses distinctions littéraires et connut un grand succès auprès du large public.