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Que deviennent, dans un climat de lynchage médiatique, les ressortissants d’un peuple à qui l’on réserve le rôle du violeur et de l’assassin ? Ils rasent les murs, travestissent leurs noms, se terrent. Quelques-uns, téméraires ou naïfs, tentent de placer leur goutte de vérité dans des journaux submergés par une marée de propagande.
C’est ce qu’a voulu faire le héros de ce roman, par ailleurs employé d’une grande compagnie aérienne. Mal lui en a pris ! Parce que lui, «le Yougo », devenu «le Serbe» par la force des choses, était d’emblée suspect, qu’il avait un chef de service yougo lui aussi, mais de l’autre bord, il a été licencié sans autre prétexte qu’une lettre de réclamation « commandée» par ses supérieurs !
Certes, «le Serbe» a obtenu gain de cause devant la justice.
Mais cela ne lui a pas rendu son travail. Pour tenter de comprendre ce temps, pour conjurer le désespoir, il a écrit son histoire. Dans une évocation chaleureuse de ses deux existences -l’enfance dans la Serbie du cœur, de la nature, des prémonitions et des tragédies, la carrière dans cette France adulée et dans un métier rêvé -, l’auteur embrasse le destin de toute une émigration, et le déclin de cette Europe qui fut un idéal pour les peuples asservis.
Par de simples remarques sur l’effilochage des amitiés, sur l’apparition de la gêne entre collègues et proches, Milan Ratkovic nous dépeint l’instauration d’une mentalité totalitaire dans la patrie des libertés. Mi-récit autobiographique fondé sur une persécution vécue, mi-poème onirique, conté avec un talent indiscutable, Le Serbe est un portrait impitoyable de l’Europe de la fin du XXe siècle.