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Traduit du serbe par Alain Cappon
Belgrade, 1999. Velja rentre à New York où il exerce la profession de psychiatre. Il vient de rendre visite à sa soeur Marija, restée en Serbie au long de ces dix ans de guerre. Il quitte un pays dévasté, livré toujours aux anciens fantômes. Mais ce n’est pas seulement la Serbie qui a été bombardée, meurtrie; c’est toute la violence d’une époque qui semble s’être concentrée dans ce lieu – et dans l’âme de ceux qui l’habitent.
Marija cependant confie à son journal intime les inquiétudes d’une vie fourvoyée. Communiste sincère, elle a dû ravaler bien des illusions. La description du quotidien vécu – si peu vécu – par cette femme à l’heure où pleuvaient les bombes pèse moins, finalement, que les rêves qui lui font escorte… lesquels ne sont pas loin de prolonger ceux de sa mère qui n’est plus, sa mère sacrifiée pour rien. A moins que le souvenir en nous de ceux qui sont partis ne soit, justement, la seule force capable de nous retenir face à la tentation du néant…
Velja et Marija – dont on apprendra qu’ils sont les enfants de Milica (la vieille dame indigne de Dans le noir) – cherchent à se rejoindre, non sans peine, par-delà le temps et l’espace, entravés sans doute eux aussi par le sentiment obscur d’appartenir à un lieu, d’être de quelque part. Illusion des illusions par quoi nous cherchons à oublier, dans l’incompréhension, le mensonge, l’injustice, que notre condition d’humains est d’abord celle de l’exil. Et que la seule patrie où puissent jamais se rejoindre les hommes est le pays de Nulle part.