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Traduit du serbe par Vladimir Cejovic et Anne Renou
avant-propos de Isidora Sekulic
Poème, éditions bilingue, 360 pages, Lausanne, 2011
« D’or fut la première race d’hommes périssables que créèrent les Immortels, habitants de l’Olympe », dit Hésiode dans sa Théogonie. C’est à cette race d’hommes qu’appartient Njegoš, prince, évêque et poète, qui régna sur un peuple héroïque : les Serbes monténégrins. Dans le corps de ces hommes sculptés par le roc, battus par les pluies et les vents, brûlés par le soleil, il attisa une âme, cruelle et innocente, pour assouvir leurs aspirations d’hommes libres, et y incarner la nature même de l’univers : le vécu absolu, première force, première nécessité qui régit toutes les autres. Être soi dans l’au-delà de soi.
Dans La Couronne de la Montagne, les compagnons de fortune et d’infortune du Prince-évêque Danilo sont les frères de sang des guerriers grecs de L’Iliade. Des siècles et des siècles les séparent dans l’apparence du temps qui s’écoule, mais dans leur for intérieur, ils agissent, pensent, rusent, rêvent, pleurent et se vengent comme enfants d’une seule mère.
Njegoš et Homère contemplent les mêmes hommes, la race héroïque, celle qui cédera devant la race de fer, mais qui ressuscitera dans le poème :
Votre exemple enseignera à l’aède
comment parler à l’immortalité !
La filiation entre ces deux poètes est directe parce que tous deux sont nés de Gaïa et Ouranos, tous deux sont fils de la terre et de la lumière.
Comme Homère, Njegoš porte intact en son être le feu des entrailles de la terre, et son âme est le prisme limpide où la lumière cosmique des étoiles se concentre. Dans son regard, un œil irradie l’âtre terrestre, brûle des âges obscurs qu’a traversés la Terre. L’autre recueille la lumière cosmique des étoiles, et rayonne de son céleste vécu.
La Couronne de la Montagne est le chant épique d’une nation, en même temps qu’un chef-d’œuvre de la littérature universelle. Cette édition bilingue est une véritable découverte qui participa au réveil de l’ethno-romantisme européen.