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Traduit du serbe
Les nouvelles de La Cinémathèque à trois heures pourraient porter le titre de Contes de la vie provinciale. On découvre, en effet, et non sans surprise, dans cette suite de récits, une étrange province. Comme les marches d’un Occident qui ne serait pas l’Occident, comme une banlieue immense, grouillante et proche, à mille kilomètres de Paris, quelque part vers l’Est.
Il s’agit, bien sûr, de cette autre Europe qui n’en finit pas de rejoindre l’Occident, avec sa panoplie d’habitudes acquises dans des époques et des mœurs différentes. Momo Kapor n’en dresse pas l’inventaire, pas plus qu’il ne se livre à un exercice de sociologie appliquée. Non, simplement, il raconte. Il regarde, écoute, puis dit tout, d’une société, d’un mode de vie, d’habitudes et de comportements qui furent ceux de ces nouvelles classes éprises de réussites et fascinées par les lumières qui scintillaient à l’Ouest.
Et peu à peu émerge, à travers mille touches, mille facettes d’un prisme tourbillonnant, le portrait grinçant, émouvant, malicieux sans méchanceté, et pourtant féroce quand tout s’accumule, d’une société cruellement marginalisée et dont les rêves et convoitises recoupent sans pouvoir l’effacer la réalité grise de sa vie quotidienne. Momo Kapor a réussi la prouesse de fixer pour longtemps ce monde en gestation, si peu et mal connu, plus ignoré que méprisé par des Occidentaux bien trop occupés par leurs affaires.
Grand voyageur, messager de culture, Momo Kapor se fait ambassadeur iconoclaste et insolent pour mieux dire les vraies frontières d’une Europe qui déborde de beaucoup celle qui se circonscrit aujourd’hui. Il utilise l’arme la plus efficace: l’humour et la poésie, la satire et la vie croquée à même la rue.