€17.00
Traduit du serbe par Olga Markovic
1914-1918. La guerre. Une fois dissipés les mythes, qu’en reste-t-il pour ceux qui ont eu la chance de s’en sortir vivant ? Mais d’abord, où était-elle, la vie, dans cette succession d’atrocités et de temps morts ? Peut-être ces survivant hébétés l’ont-ils saisie au cœur même de l’horreur et de l’absurdité ?
Tcharnoïevitch, Serbe enrôlé dans l’armée austro-hongrois, est engagé contre les troupe serbo-russes sur le font de Galicie. Situation absurde puisqu-il est contraint de se battre contre ceux dont il se sent le plus proche et que l’armée, à laquelle il appartient, finira par l’emporter sur ce front tout en perdant la guerre.
Il erre de champs de bataille en hôpitaux, de camps de prisonniers à sa maison natale, de souvenir en souvenir de sa vie passée. Il tiens un journal, précaire boussole, fil conducteur incertain de ses errances dans le temps et dans l’espace, ultime possibilité de leur donner un sens. Atteint dans son corps et son esprit, désespéré, résigné, il est incapable d’émotion et conscient de l’inutilité de tout effort.
La parution du Journal, en 1921, est un événement considérable dans l’histoire de la littérature serbe. L’œuvre, en effet, rompait complètement avec la production romanesque traditionnelle. Par la forme d’abord. Chronique ? Poème en prose ? Roman ? Le Journal tient de ces différents genres sans être véritablement restreint à aucun – mais surtout par le ton. Ce ton, l’authenticité première de Tsernianski, est fait de la succession de notations brèves, hachées, sèches et de développements lyriques, d’images subtiles et personnelles, d’idées à bâtons rompus, de réflexions inachevées.