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Traduit du serbo-croate par Alain Cappon
Pavel Volkov n’a rien d’un héros. Il ne doit d’ailleurs son statut qu’à l’auteur qui daigne le faire exister. Et qui l’affuble de parents russes indignes, un père coureur de jupons et une mère glaciale. Un grand-père par contre qui aime (se) raconter des histoires et qui rêve pour Pavel Volkov d’un brillant avenir. Et d’un brillant passé. Il a tôt fait de le déclarer descendant du despote serbe Djordje Brankovic (l’un des fondateurs du mythe serbe, au destin burlesque et calamiteux), et le fait nommer officier de marine. Voilà comment naît le personnage et comment il est projeté dans une histoire qui ne semble guère le concerner.
Lieutenant de vaisseau russe et chargé d’une mission secrète, Pavel Volkov traverse les tourments de l’histoire, échappe à un naufrage, croise un ténébreux Maltais prénommé Corto, assiste au siège de Trieste’ par la flotte napoléonienne et ne trouve rien de mieux à faire que de tomber amoureux. Devant une telle débâcle, il ne reste guère à l’auteur que de faire disparaître son pitoyable héros. Ce qu’il fait. Par une faille temporelle.
Quelle marge de manœuvre reste-t-il alors à l’auteur ?
Se dédoubler en personnage de roman et, sur les traces de Brankovic – le lien le plus sûr, parfois en filigrane, de l’ouvrage -, assister à l’écrasement de l’embellie de Budapest, en 1956, par les chars russes.
Destin et commentaires est une somme. Vaste fresque, ce roman constitue une véritable histoire de la mentalité serbe, de ses fantasmes. Petkovic fait preuve à la fois d’une érudition impressionnante et d’une distance ironique.