Traduit du serbe par L.Huibner-Fuzellier et R. Fuzellier
Les Contes populaires Serbes n’avaient jusqu’ici jamais été intégralement traduits en français. Or, c’est une œuvre essentielle, déjà bien connu des publics slave et allemand, pour quiconque s’intéresse au folklore, à la sociologie, à l’histoire et aux arts traditionnels. Outre richesse de leur fantastique et leur charme poétique, on y trouve la peinture d’une civilisation originale, et une grande variété de tons. Un chef-d’œuvre de littérature authentiquement populaire, recueillie sur le vif.
Que trouve-t-on dans ces textes ?
D’abord, du merveilleux, celui qu’on est en droit d’attendre de récits légendaires. Mais bien davantage encore. Et surtout une peinture, riche et fraîche, de cette société serbe d’antan, patriarcale, comme figée par la conquête ottomane dans son stade médiéval. On y entend une sorte d’écho exotique des vieux fabliaux français, comme dans leur antiféminisme ou leur anticléricalisme, souvent unis. On y reconnaît la même réalité paysanne que dans la littérature de Moyen-Age, des archétypes identiques, la même empreinte religieuse – celle-ci d’autant plus forte que l’Eglise, avec sa langue, reste le seul garant de l’identité nationale. On voit revivre dans ces contes toute la vie sociale bigarrée de la Serbie des années de servitude, repliée sur ses « zadrougas », autour de ses monastères. Apparaissent aussi les antagonismes religieux, les rivalités, les violences ; mais également les fêtes et la cohabitation des différents groupes humains. Le peuple s’y montre à nu :avec ses valeurs, ses usages, ses certitudes, ses croyances ; ses haines aussi et ses préjugés : les Turcs, bien sûr, mais aussi les Tsiganes et les Juifs en sont des cibles occasionnelles.