€10.00
Traduit de l’allemand par Jean-Claude Capèle
C’est en mars 1998 que Peter Handke s’est rendu pour la première fois à La Haye afin d’assister à quelques-unes des audiences du Tribunal pénal international consacré aux crimes commis dans l’exYougoslavie. Quatre ans plus tard il y est retourné à l’occasion de l’ouverture du procès de Slobodan Milosevic, puis six mois après, quand les journalistes et les équipes de télévision étaient passés à autre chose.
Toutefois, Handke n’écrit pas ici en chroniqueur judiciaire, ce qui l’intéresse, c’est de débusquer la réalité qui se cache derrière les récits, ceux des témoins, par exemple, qu’il rencontre au hasard dans les différents hôtels autour du tribunal. Mais les images du procès l’interpellent aussi, où juges et procureur font figures de héros de séries policières télévisées. Et pourquoi les personnages borderline des romans de Chandler et de Hammett surgissent-ils alors dans son esprit ? C’est que, dans ces lectures d’adolescence, Peter Handke a entrevu l’incertitude qui entoure le coupable comme le justicier, et que la littérature a décidément quelque chose à dire sur cette affaire-là. Mais existe-t-il témoin plus suspect qu’un écrivain ?